Deux chaînes de montagnes se partagent le nord du Pakistan. À l’ouest, à cheval sur l’Afghanistan, l’Indou Kouch et son plus haut sommet, le Tirich Mir (7708m). À l’est, le massif du Karakoram, extension de l’Himalaya, avec le K2, 2ème plus haut sommet du monde (8611m).
L’Indus prend sa source au Tibet pour se jeter dans la mer d’Arabie. Trouvant son chemin à travers le Karakoram, il y a creusé une profonde entaille de 300 km.
Les gorges de l’Indus ont été choisies pour être l’axe principal reliant la Chine et Islamabad, capitale du Pakistan. S’y aventurer est une véritable gageure. Imaginez une route étroite, accrochée à flanc de falaise, défoncée par des rochers tombant quotidiennement du ciel, sans parapet de sécurité, et surplombant les eaux furieuses de l'Indus coincé dans son étau de roc. Dans ce défilé de virages sans visibilité, croiser un camion ou un bus provoque toujours une montée d’adrénaline, suivi d’un numéro d’équilibriste sans cesse répété, les pneus dans le vide pour l’un, la carrosserie raclant la roche pour l’autre. Le ciel est réduit à un mince filet azur entre la crête inaccessible des falaises, falaises qui sont la base de montagnes de 7 à 8000 mètres qu’on ne peut voir tant le défilé est étroit, défilé chauffé à blanc, étouffant, sans un souffle de vent, avec le mugissement du fleuve qui fait taire les avertissements sonores et le bruit du moteur et nous oblige à crier pour communiquer. Dans un relais routier, en équilibre sur la falaise, gît le corps d'une femme en attente de rapatriement, une alpiniste française venue défier les 7000 mètres du Rakaposhi.
Dix heures usantes pour les nerfs, qui se terminent la nuit tombée, avec un seul phare, et un chauffeur exténué, agrippé au volant de la jeep et qu’il faut secouer dès qu’il pique du nez.