IRAN

Persepolis

(2001)

Thierry Brunello - Tous droits réservés.
Persepolis, Tachara/Palais de Darius - 2001

Il est des preuves irréfutables de la richesse d’un pays. Non pas l’or ou les diamants, même si la caverne d’Ali Baba se trouve quelque part sur ces terres, mais la Culture. Les noms qui apparaissent dans les lignes qui suivent résonnent inévitablement dans la tête des Européens que nous sommes. Ils viennent du fond des âges, balises temporelles, marques génétiques, parties intégrantes de notre identité, sorties tout droit des sables brûlants de la Perse.
Il y eut d’abord les Sumériens, les Babyloniens puis les Assyriens : déjà 6000 ans d’Histoire. Puis les Mèdes s’emparèrent de Ninive en 612 av. JC., donnant le coup de grâce à l’empire Assyrien.
Des tribus indo-européennes venues du Caucase et d’Asie Centrale s’installèrent alors sur le plateau iranien. En les unifiant, Cyrius 1er devint le premier roi de la dynastie Achéménide, et son fils Cyrus II parvint à conquérir un immense empire qui s’étendait de l’Indus à la Méditerranée. Le roi Xerxès, fils de Darius le Grand, s’empara même d’Athènes et l’incendia en 480 av. JC. On dit que c’est pour cela qu’Alexandre le Grand, lors de sa conquête vers l’Orient, incendia à son tour la capitale achéménide : Persépolis.

Selon Plutarque, 20 000 mules et 5 000 chameaux furent nécessaires pour transporter les richesses de ce qui n'était pas seulement un palais mais aussi la trésorerie générale de l'empire. Les miroirs, on les trouvait déjà à Persépolis, certaines pierres étant si polies qu'elles dessinaient une galerie des glaces. Dans sa quête de l'eau qui rend immortel, Alexandre le Grand, ne l'ayant pas trouvée, se serait consolé en se contemplant dans ces miroirs.
Persépolis, « La cité perse », se trouve dans la plaine de Marvdasht, à la lisière sud du désert de Kuh-e-Rud. Inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, la cité antique fut la cible d’une tentative de destruction par les ayatollahs après la révolution islamique de 1979. L’intervention courageuse du gouverneur de la province de Fars et la mobilisation tout aussi téméraire des habitants de la ville de Shiraz, unis face aux bulldozers, ont permis de sauver de justesse ce joyau artistique deux fois millénaire.

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Persepolis - 2001
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Persepolis - Porte des Nations - 2001
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Persépolis, Apadana - 2001
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Persepolis - 2001

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Apadana, Allée des processions -2001

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Apadana, détails : Gardes Mèdes - 2001

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Lahore - Dans la vieille ville - 1990

Apadana, détails : Triangle - 2001

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Naqsh e rostam (Nord de Persepolis) - Tombe de Darius 1er - 2001

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Naqsh e rostam (Nord de Persepolis) - Tombe de Darius 1er - 2001

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Naqsh e rostam - Triomphe de Shapur 1er sur les Romains - 2001

Continuer le voyage ou

IRAN

De Shiraz à Chak Chak

(2001)

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La vieille ville de Shiraz - 2001

Jean-Pierre Perrin - Journaliste.

 

Même les chardonnerets de Chiraz connaissent les vers de Hafez. A l'entrée de son sanctuaire, pour deux graines et trois sous donnés à l'oiseleur, ils s'en vont picorer ses poèmes écrits au hasard de petits bouts de papier. Une fois choisis, les vers seront interprétés et livreront les secrets de l'avenir. Un peu plus loin dans le jardin, annoncé par une garde royale de cyprès, se dresse son tombeau, couronné par une ample coupole qui le protège des ardeurs du soleil. Un petit paradis pour les amoureux. Ici, la police leur fiche la paix et ne vérifie pas s'ils sont mariés ou non. Les yeux dans les yeux, la main droite effleurant le sépulcre du poète, certains ouvrent recueil pour y chercher leur destin. Aujourd'hui, comme hier ou demain, c'est toujours Hafez (1320-1389) que l'on vient voir avant ou après un mariage, au moment d'un examen ou d'un long voyage. On le prie, on le remercie. On bavarde un moment avec lui. Des vieux pleurent en récitant ses poèmes. On lui témoigne du respect que l'on voue à un saint.

Dans la belle ghahwakhaneh ­(la maison de café où, comme il se doit en Iran, on ne sert que du thé) qui borde le mausolée, le glouglou des pipes à eau s'est interrompu. Un inconnu vient de lancer un interminable cri en direction du ciel. Est-ce un chant ou une flèche, ce long lamento qui psalmodie le nom de Dieu ? Le génie de Hafez, qui célébra les plaisirs, l'amour, le désir, malmenant aussi les mollahs, c'est qu'il inspire à la fois les libertins et les dévots, ceux qui croient que le vin doit être consommé ici-bas,­ comme ceux qui persécutent les buveurs et n'aspirent à le boire qu'une fois tiré du pressoir céleste, au Paradis. Comme en témoignent ses écrits, il est l'homme qui réunit deux ivresses, l'une mystique, l'autre bachique et libertine : «Le pain licite des bigots ne vaudra pas, j'en ai bien peur / Au jour du Jugement dernier, plus que notre infâme liqueur.»

 

(...) Dans l'"Usage du monde", l'écrivain errant Nicolas Bouvier remarquait que «le peuple d'Iran est le plus poète du monde». Il ajoutait que même les mendiants de Tabriz, une ville du nord-est où il séjournait, «savent par centaines ces vers de Hafez (...) qui parlent d'amour, de vin mystique, du soleil de mai dans les saules». Que dire de Chiraz qui dispute au monde entier le titre de capitale des poètes et qui se vante d'avoir les plus belles roses et les plus émouvants chants de rossignols ! Ici, gol, la rose, et bol-bol, le rossignol, sont un couple qui s'invite à peu près partout : dans la poésie, la décoration, la peinture, la musique. La ville n'a pas la magnificence architecturale d'Ispahan, sa rivale. Ses beautés sont plus discrètes, comme son bazar et son hammam, d'un plan si complexe qu'il est devenu musée. Elle est aussi beaucoup moins religieuse et tellement plus persane ; elle est d'ailleurs considérée comme le berceau de cette culture. On la dit aussi d'esprit plus libre. «Ah ! Vous venez de France. Pourquoi nous avez-vous renvoyé Khomeiny ?», lance, frondeur, un chauffeur de taxi. 

 

 

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Shiraz, Mosquée Nasir ol Mok - 2001

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Shiraz, les jardins d'Eram - 2001

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Shiraz, les jardins d'Eram - 2001

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Shiraz, le mausolée d'Ali - 2001

La curiosité des Iraniens est à la hauteur de leur niveau culturel, et c'est sans surprise qu'un homme s'est approché de moi. Mon regard glissait sur le plafond du mausolée de l'Emir Ali, lorsqu'il me chuchota :

- Vous croyez en Dieu ?

J'en étais à me demander si je devais mentir lorsqu'il précisa :

- Vous êtes croyant ?

La ferveur de la foule qui m'entourait et le lieu sacré chiite dans lequel je me trouvais força ma réponse :

- Oui, dis-je, pas très fier.

L'homme me gratifia d'un sourire apaisé et, posant doucement sa main sur mon épaule, répondit :

- C'est le plus important.

Ce n'était point d'Allah, mais bien de foi qu'il me parlait.

 

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En route vers Chak Chak - 2001

De très nombreuse légendes existent sur la vie de Zarathoustra (Zoroastre, dans sa forme hellénisée). Il serait né entre l'an mille et 600 av. JC. et aurait donc vécu à une période antérieure aux grands rois achéménides.

De l'ancien panthéon indo-iranien, Zoroastre ne conserva que Ahura Mazda, un dieu bon auquel toutes les choses doivent leur origine. Au-dessous se trouvent Spenta Mainyu (le mauvais esprit) et Ahra Mainyu (le Saint Esprit), personnifications du Bien et du Mal, la Lumière et les Ténèbres. Ce dualisme est fondamental : l'homme est doué de libre-arbitre, et le choix de la voie à suivre lui appartient donc entièrement.

L'homme dont les pensées, les actes et les paroles auront été exemplaires, aura une place après sa mort au royaume d'Ahura Mazda.

Ainsi, l'une des grandes réformes du Zoroastrisme aura été d'introduire l'idée du monothéisme. Ahura Mazda, dieu unique libéré de son panthéon mazdéen, fut le dieu des Achéménides. Il est représenté sur les murs de Persepolis et les tombes de Xerxes, Darius, et des autres rois à Naqsh e rostam.

Chak Chak est un hameau perché sous une falaise imposante dans le grand désert central. Sanctuaire de montagne le plus sacré du zoroastrisme, il est un lieu de pèlerinage. Chaque année en juin, des milliers de zoroastriens d'Iran, d'Inde et d’autres pays affluent au Temple du feu à Chak Chak.

Son entrée est interdite aux autres religions.

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Sancutaire zoroastrien de Chak Chak - 2001

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Parviz, le meilleur des guides - 2001

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Détail de la porte en bronze du temple de Chak Chak - 2001

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