Thierry Brunello - Tous droits réservés.
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ESPAGNE

CORDOUE - Une abeille dans les jardins royaux

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À l'origine, les Wisigoths avaient bâti une forteresse sur les rives du Guadalquivir. Après la conquête musulmane de la péninsule Ibérique, les Omeyyades de Damas développèrent la structure : ce fut l’alcazar califal de Cordoue.


En 750, la dynastie des Omeyyades de Damas est renversée par les Abbassides. Le seul membre survivant de la dynastie omeyyade, Abd al-Rahman Ier, ayant une mère berbère, s'enfuit vers le Maghreb et, de là, passe en Andalousie où il y avait encore des troupes fidèles à la dynastie omeyyade. Il y établit l’émirat de Cordoue et utilise l'alcazar comme palais. La ville prospère comme un important centre politique et culturel. Les Maures élargissent l'alcazar omeyyade avec des salles de bains, des jardins et la plus grande bibliothèque d'Occident.

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Après la Reconquista, Alphonse XI de Castille commence à construire la structure actuelle en ne gardant qu'une partie des ruines de l'ancienne forteresse maure.
C’est ici que la reine Isabelle rencontre en audience Christophe Colomb, alors qu’il prépare son projet de « nouvelle route vers les Indes ».

Si le règne d'Isabelle la Catholique est marqué par la découverte des Amériques, il l'est aussi par l'instauration de l'Inquisition (ce qui est franchement moins glorieux) et qui ne fut abolie qu'en 1834 !

Des moulins à eau à proximité du Guadalquivir alimentent un système de levage pour irriguer les jardins. Ces mécanismes fonctionnent jusqu'à ce que la reine Isabelle se plaigne de leur bruit, l’empêchant de dormir.
Aujourd’hui, deux grands réservoirs basés sur la terrasse supérieure recueillent l’eau provenant de la sierra et la canalisent vers la terrasse inférieure, où se déploie un large bassin d’agrément, axe central de cette oasis, lieu de calme et de fraîcheur dans la ville étouffante.

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Christophe Colomb en audience royale.

Bzzz… Des rois qui passent des siècles pour bâtir leur demeure, quelle perte de temps ! Notre reine a d’autres chats à fouetter. Pondre deux mille œufs par jour, ça c’est un défi ! Bzzz…
Moi, mon boulot, c’est ouvrière. Je travaille, je travaille, c’est la course, je vous dis pas. Comme l’endroit est vaste, chaque équipe est assignée à une fleur différente. Je ne sais pas si ça se passe comme ça ailleurs, mais chez nous on ne discute pas les ordres, bzzz…
Chaque matin, on va toutes boire sur les bords d’un grand lac carré bordé de fleurs mauves. Je déteste cette couleur. Allez savoir pourquoi, Isabelle les adore. Isabelle, c’est mon binôme. Mais elle est trop sérieuse, scrupuleuse, et parfois si zélée que ça me hérisse les poils.
Bref, nous sommes assignées aux hibiscus. C’est beau les hibiscus, mais toute une vie avec une même fleur, ça me gonfle l’abdomen. Et voilà que je patauge dans le pollen, que je pompe le nectar. Toujours la même odeur, le même goût, c’est barbant, bzzz… Et quand je retourne à la ruche, j’en ai plein les pattes. Je me sens lourde, mais lourde !
On traîne pas ! lance la chef.
Pffff ! J’aimerais bien quelquefois aller batifoler dans les roses avec les bourdons, ou faire la course dans les allées avec les guêpes maçonnes. Faire une pause quoi, prendre le temps de vivre, se prélasser un peu sur la pointe d’un cyprès et regarder passer les coccinelles.
Il paraît qu'un jour, l’une d’entre nous s’est laissée hypnotiser par une volute de papillons… Et vlan, écrasée par une goyave ! Bzzz… Vous y croyez, vous ? Pas moi. C’est juste une histoire à faire peur.
Dans la ruche, ça grouille. Un boucan ! Ça bzzz tellement là-dedans que j’en deviens sourdingue. En plus, je suis claustrophobe, je vous l’ai dit ? J’ai besoin d’air. Vivre dehors, c’est ma raison d’être. L’été, je dors souvent au clair de lune. J’ai trouvé un abricotier, un vrai paradis. Mais chut !

Ça y est, il faut déjà repartir. On fait vrombir les moteurs.
L’étourneau plane, méfie-toi ! me lance Isabelle.
Bzzz… Toujours la même rengaine, un vrai disque rayé. Je sais bien qu’elle dit ça pour m’éviter de traîner. Sauf que moi, j’aime butiner de ci de là, j’aime l’aventure. Ce jardin est vieux comme le monde, il y a encore tellement de lieux à découvrir, de trésors à trouver.

Il est où mon preux chevalier, mon découvreur de Nouveau Monde ?
C’est un jardin royal après tout, bzzz…

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