18/06/2020
L’Ankou semble être un héritage de la mythologie celtique, et plus précisément du Dieu-Père dont la fonction est la perpétuation des cycles vitaux, comme la naissance et la mort, les saisons, le jour et la nuit.
Il ne représente pas la Mort elle-même, mais son serviteur. Son rôle est de collecter dans sa charrette (karrigell an Ankoù) les âmes des défunts récents. C’est un « passeur d’âmes ».
Lorsqu’un vivant entend le bruit grinçant de la charrette (wig ha wag !) c’est qu’il ne va pas tarder à passer de vie à trépas.
On dépeint l’Ankou, tantôt comme un homme très grand et très maigre, les cheveux longs et blancs, la figure ombragée d’un large feutre, tantôt sous la forme d’un squelette drapé d’un linceul, et dont la tête vire sans cesse sur sa colonne vertébrale, telle une girouette autour de sa tige de fer, afin qu’il puisse embrasser d’un seul coup d’œil toute la région qu’il a mission de parcourir.
Il tient à la main une faux. Celle-ci diffère des faux ordinaires car son tranchant est tourné vers l’extérieur. Aussi l’Ankou ne la ramène-t-il pas à lui quand il fauche ; contrairement à ce que font les faucheurs de foin et les moissonneurs de blé, il la lance en avant.
Dans certaines légendes, l’Ankou tue sans faucher réellement. Le simple fait de l’approcher, de l’entendre passer ou à plus forte raison d’échanger des paroles avec lui, suffisent à causer la mort.
C’est le triste sort de Fanch ar Floc’h, ce talentueux forgeron qui, absorbé par son ouvrage, travailla le soir de Noël jusqu’après l’heure sainte de minuit. L’Ankou lui rendit alors visite pour faire réparer sa faux. L’homme accomplit sa tâche sans se douter de l’identité de son hôte et mourut à l’aurore.
On dit que pour chaque paroisse, le dernier mort de l’année devient l’Ankou de l’année suivante.
Le jour, il est également présent à travers les sculptures à son effigie qui ornent les ossuaires, rappelant toujours aux hommes la fin à laquelle ils ne peuvent se soustraire. Et ces mots gravés sur la pierre de nous mettre en garde : « La Mort, le Jugement, l’Enfer froid : quand l’Homme y pense, il doit trembler. »
Par extension, L’ANKOU DE RENNES est le club français de football américain de la capitale bretonne.
(Propos recueillis principalement sur le site Hellystar)
17/06/2020
L'homosexualité est encore considérée comme transgressive par une majorité mondiale.
Ce sont dans les sociétés démocratiques qu'elle est aujourd'hui la mieux tolérée, envers et contre tout. Il y a donc un lien évident entre la raison démocratique et l'acceptation de l'homosexualité. Les homophobes en quête de liberté devraient y réfléchir. Il y a assez d'exemples dans l'Histoire pour savoir que l'intolérance et la manipulation populiste conduisent au totalitarisme. On croit toujours que c'est pour les autres, mais lorsqu'on commence par refuser la liberté à une minorité, c'est sa propre liberté, à terme, que l'on met en danger. Les hégémonies politico-culturelles actuelles construisent leurs discours sur la peur et le cynisme sans qu'aucune pensée ne vienne plus véritablement s'y opposer. Comme si le sens critique avait capitulé.
"Rossignol, chante !" est un recueil de nouvelles centrée sur des personnages homosexuels mais il s'adresse à tout un chacun. Aux gays, pour leur dire combien les luttes passées ont été difficiles et que les oublier met en péril leur liberté actuelle, si précieuse et fragile. A tous, pour tester leur vigilance, pour combattre le repli sur soi et le cynisme, qui sont les signes précurseurs d'une soumission à un pouvoir totalitaire que l'on aura nous-mêmes généré.
C'est de cela que parle "Rossignol, chante !" à travers cinquante ans de parcours d'un homosexuel (qui n'écrit pas que de la littérature gay), dont l'expérience de vie a engendré huit nouvelles fictionnelles qui, de l'enfance à l'âge adulte, de la caresse au jeu SM, questionnent l'homme sur son pouvoir de bienveillance et de nuisance, sur sa capacité à accéder à la liberté, cette quête universelle du bonheur.
https://www.thierry-brunello.com/Livres.i.htm
"Rossignol, chante!" est en commande chez votre libraire ou directement chez Mon Petit Éditeur : https://www.monpetitediteur.com/rossignol-chante.html/
14/06/2020
Nulle ville française n'est plus austère que la cité militaire et protestante de Rochefort. Tout près, dans les marais, le port de Brouage, aujourd'hui en pleine terre comme Rochefort, vit partir un natif fameux, Samuel de Champlain. Mais ce fut La Rochelle qui l'emporta: elle seule s'ouvre toujours sur l'océan.
Rochefort ne compte pas seulement sur sa corderie royale pour attirer le passant. Derrière les murs anonymes d'une rue quelconque, se cache un bijou d'orientalisme, une maison de rêve dans laquelle un certain Julien Viaud naquit en 1850. Y enfermant sa mère, sa femme et son fils, il allait la quitter pour de longs voyages, au terme desquels il transformerait tout. D'abord son nom, qu'il doubla du pseudonyme Pierre Loti, puis cet invraisemblable musée, théâtre d'une vie désormais ni huguenote ni provinciale, celle d'un sympathique hurluberlu romancier, grand voyageur militaire.
Sur une photo de 1907, on voit le capitaine de corvette à Constantinople, où il vécut une piquante aventure amoureuse, lui qui aimait les hommes, avec une jeune épouse de harem, entrevue à travers des persiennes à Istanbul. Il avait alors 26 ans, un bel âge pour oublier le monde sur les eaux de la Corne d'or, caché sous un caftan et n'en sortant que pour se glisser entre les voiles d'une inconnue mutique. Audacieuse navigation.
Gide ne crut rien de l'affaire, mais Loti mystifia tout le monde. D'abord, il voulut se faire musulman, puis ramener la jeune personne à Rochefort, lui qui était marié. Est-ce pourquoi il embarqua sur son navire, vers la Vendée, en la laissant au port? Il lui écrivit, elle aussi, lui peut-être un peu moins emballé qu'il ne criera son chagrin. Car, quand il revint en Turquie, elle était morte. Il allait alors écrire Aziyadé.
Évasion
Dès sa première solde, il avait acheté des armes africaines, des masques polynésiens, des peaux de girafe. Imaginez sa mère, à Rochefort, chargée d'accueillir le bric-à-brac troqué aux indigènes. Elle voit la maison familiale étriquée dériver sur la vague de la fantaisie insondable de son fils. Il nomme la première pièce à devenir originale la Chambre océane. Et vient rapidement une seconde, la Salle turque.
Ce sont des lieux hautement colorés, qui disent l'enthousiasme de l'exotisme et la mélancolie du retour. Dans les petites pièces où il fait escale, il ressuscite les apparitions aperçues ailleurs, s'enivre de moments hors du commun, efface les contingences et le trop-plein de réalité familiale et sociale. L'astucieux personnage collectionne aussi les conquêtes féminines, il commande des repas extravagants, pour la meilleure société de l'entourage, et lance, très à l'avance, des soirées costumées, à thème. Insensé Loti! Il compose des saynètes pour enchanter ses invités. Et il se fait donner la répartie, sacrifiant aux rites de tel derviche, ayatollah ou seigneur médiéval.
«Les lieux où nous n'avons ni aimé ni souffert, écrit-il, ne laissent pas de trace dans notre souvenir. En revanche, ceux où nos sens ont subi l'incomparable enchantement ne s'oublient jamais plus.» Après son séjour à Tahiti, où il retrouve le passage de son frère mort, il aime les îles autant que sa maison natale. Cela donne Mon frère Yves. Mais il agit au contraire de Proust: ces lieux, il ne les transpose pas, il les importe et les recrée chez lui, quitte à en prolonger le souvenir dans de délicieux petits romans, auréolés de joie. Le Mariage de Loti, Roman d'un spahi, Pêcheur d'Islande.
Il possède maintenant un catafalque, des tapis, des sabres et des burnous, des chambres couvertes de mosaïque, des objets de mosquée, des lampes et ostensoirs, le narguilé sur le brocart, ses turqueries. Il se fait photographier dans de multiples rôles, en pharaon, en émir, en pêcheur breton, en mandarin chinois.
Sur fond de décadence et de volupté étourdissantes, plus amusantes que la chambre fanée de Des Esseintes, imaginée dans À rebours de Huysmans, le roman décadent par excellence de la fin du XIXe siècle, il se garde toutefois une chambre austère, digne d'un protestant. Là, une couche militaire et un broc d'eau rappellent la discipline, qui est aussi la sienne lorsqu'il écrit. Dans cette chambre, il a son bureau d'écrivain.
«Mon coeur est plus changeant qu'un ciel d'équinoxe», formulait-il en une élégante pirouette. Il disait tout en n'expliquant rien, avec art. Il charma Sarah Bernhardt, qui fit le voyage de Paris jusqu'à Rochefort, Anna de Noailles et tant d'autres; mais il leur donna de belles rivales, la mer, ou Blanche, cette épouse qu'il consigna au Salon bleu, entre les boiseries et le cristal, avec ses jours de réception et lui les siennes, tandis qu'il se retirait au Salon rouge, où il dormait en matelot, par terre.
Il n'y avait pas, bien sûr, de salle de bains; le jardin était étriqué et le mobilier authentique, parfois un manteau de cheminée gothique ou un vitrail médiéval, beaucoup trop imposant pour des pièces étroites, sans recul possible. Invivable, la maison de Loti, c'est sûr.
Caracolant maître de cérémonie
Mais il savait renouveler ses surprises. Il poussa l'exotisme vers le Japon. Il avait mis la main sur une importante dot apportée par l'épouse; ses droits d'auteur devenaient substantiels. Il ajouta des tapisseries d'Aubusson, fit disparaître les murs sous des boiseries gothiques, acheta des fenêtres à ogives dans une église en démolition et des pièces d'armure, bref il battit les antiquaires à la ronde et dégotta des merveilles. Le 12 avril 1888, il recevait, en manteau d'hermine, le Tout-Paris avec sa dame pour un repas Louis XI! Aux invités d'apporter leur gobelet d'argent. Ce fut une mémorable agitation de maison, au service et au menu exceptionnels, dans un espace grand comme un corridor.
Loti défraie la chronique, à tel point que ses extravagances font envie à Paris. Il a même fait transporter la tombe d'Aziyadé à Rochefort, mais certains flairent la supercherie. Il passe, en tout cas, pour une sorte de diplomate, un écrivain capable de parler en bien de l'Empire ottoman. Alphonse Daudet soutient sa candidature à l'Académie: on en demandera davantage à Yourcenar, plus tard! Mais, pour Loti, les Immortels font mine d'ignorer ses frasques dans les villes arabes, tout comme ses poses en tutu avec l'air canaille. C'est que, politiquement, il sert à écarter Maupassant ou Zola de l'Académie. Mais à peine élu, il ferraille tantôt contre les naturalistes, tantôt pour eux, tournant l'affaire — et même son élection — à la farce.
Puis, il achète une nouvelle maison, à Hendaye, au Pays basque. L'anecdote veut qu'il y ait fait murer les portes de son bureau et installé une corde lisse au balcon, par laquelle il grimpait dans son repère! Mais le hardi coureur d'aventures continue de sillonner les mers, accompagnant ses expéditions de textes enflammés. Comme Rimbaud, il se rend en Abyssinie et au Moyen-Orient. Sa langue s'épure dans Au Maroc, Le Désert, Vers Ispahan. Puis il découvre l'Inde, et il en retire L'Inde sans les Anglais; ces récits ont été réédités pour leur couleur locale et pour leur réel charme. Cela se lit toujours bien: Loti n'est jamais ennuyeux.
Capharnaüm
Après la mort de sa mère, en 1896, dont il épanche le chagrin dans Cette éternelle nostalgie. Journal intime 1878-1911 (La Table ronde, 1997), il continue à enrichir sa maison saugrenue de Rochefort. On y compte la Chambre arabe, la Salle paysanne, la Pagode (disparue aujourd'hui) et une superbe mosquée, le clou de l'édifice, si savamment divisée et recomposée, dans l'espace d'un mouchoir de poche, que vous y perdez rapidement le sens de l'orientation. Dans cette mosquée de son cru, le plafond de cèdre, déménagé avec d'infinies précautions d'une mosquée en démolition à Damas, imite celui de l'Alhambra; supporté par des colonnes de marbre, il abrite une fontaine intérieure. Des cénotaphes couverts de soieries orientales semblent attendre les célébrités dont les photographies, dans la salle d'à côté, hantent les lieux.
L'affaire Dreyfus éclate, et Loti, un peu plus sérieux que d'habitude, se range du côté de Zola. Mais il préfère se retrouver à Pékin, ce qui n'est pas banal au tournant du siècle, et vaut un salon chinois à Rochefort. Et soudain le voici au Japon, en Égypte, à New York même! Sa femme le quitte, exaspérée par ses frasques. Au bout de l'aventure, le petit homme aura fait dix fois le tour de la terre et publié une quarantaine d'ouvrages.
Il est enterré, en 1923, selon sa volonté, à Saint-Pierre-d'Oléron, dans la dernière demeure qu'il acheta et nomma La Maison des aïeules, dans l'île d'Oléron; une maison où il n'a jamais vécu. Sa maison de Rochefort, rue Saint-Pierre devenue rue Pierre-Loti, est aujourd'hui un musée municipal, qui offre des visites guidées. La promenade vaut, sinon le voyage, du moins le détour.
Proust aimait bien Loti, André Breton le traitait d'idiot, et le critique Edmond Jaloux, qui soutint Marguerite Yourcenar dès ses débuts, le trouvait humain.
Les romans de Pierre Loti ont été rassemblés en un volume paru en 1989, aux Presses de la Cité, coll. «Omnibus».
13/06/2020
La BIBLIOTHÈQUE NAKAJIMA de l'Université d'Akita.
Située au cœur d'une forêt luxuriante, la bibliothèque Nakajima a été construite en 2008 sur des principes facilitant la relaxation et la concentration.
Sa forme typique du Colisée romain, avec sa conception semi-circulaire caractéristique, faciliterait l’apprentissage, permettant aux élèves de se familiariser avec les livres et la lecture.
La structure raffinée et élégante de son toit représente une demi-ombrelle géante. Construite en cèdre japonais, elle utilise les techniques de construction anciennes de la préfecture d’Akita, réunissant esthétisme, symbolisme, ergonomie et para-sismique.
L’odeur du cèdre qui s’en dégage est considérée comme très relaxante. Parmi le mobilier, "parfumé" lui aussi, les chaises sont de trois couleurs. Chaque code couleur indique une hauteur d’assise différente. Ici, on ne plaisante pas avec la fatigue physique des étudiants qui peuvent passer de longues heures à étudier. Pour ceux qui ont besoin de tranquillité supplémentaire, des boxes sont aménagés à l’abri du bruit et du regard des visiteurs curieux.
Ce lieu, où fusionne beauté et fonctionnalité, est considéré par les Japonais comme une bibliothèque vivante. Et ce n’est pas peu dire puisqu’elle est la seule bibliothèque du Japon à rester ouverte 24h/24 et 365 jours par an. On l’appelle d’ailleurs « la bibliothèque qui ne dort jamais ».
12/06/2020
La BIBLIOTHEQUE JOANINA, située sur le campus de l'université portugaise de Combria, est un chef d'œuvre de l'art baroque.
Le roi du Portugal, Joào V, était un ami des Arts et Lettres. Au cours de son règne, il s’est entouré des plus grands artistes de son époque et a financé avec un cinquième de l'impôt en or provenant des mines du Brésil, de nombreuses constructions baroques. La bibliothèque Joanina, édifiée entre 1717 et 1728, en fait partie. Un grand tableau représentant le monarque trône d'ailleurs au fond de la Bibliothèque.
L’édifice est composé de trois grandes salles dont le mobilier en bois précieux est rehaussé d’une somptueuse décoration en bois doré. Des motifs chinois dorés sont peints sur une laque de couleur différente selon la salle : vert, rouge ou or.
L’accès aux rayons supérieurs se fait par des escaliers ingénieusement encastrés dans les piliers. 30 000 livres et 5 000 manuscrits y sont classés par matières. La collection abrite désormais des ouvrages datant du XVIe au XVIIIe siècles.
On connaît le nom du maître d’oeuvre et des nombreux artistes portugais et étrangers qui ont travaillé à la réalisation de ce chef-d’œuvre de style baroque, mais pas celui de l’architecte qui est à l’origine de cette construction colossale dont les murs qui ont plus de 2 mètres d’épaisseur maintiennent une température constante.
Depuis trois siècles, les boiseries, rayonnages et les ouvrages sont protégés contre les parasites xylophages et bibliophages par une colonie de chauves-souris. Chaque soir, les imposantes tables de lecture en bois précieux sont recouvertes par des couvertures en cuir pour les protéger des déjections des chauves-souris, actives la nuit. Chaque matin, le sol en marbre est nettoyé.
(photo : Thibaud Poirier)
31/05/2020
Au lendemain d'une fusillade à Naples, Matteo voit s'effondrer toute raison d'être : son petit garçon est mort. Nuit après nuit, à bord de son taxi vide, il s'enfonce dans la solitude et parcourt au hasard les rues de la ville. Un soir, dans un minuscule café, il fait la connaissance du patron, Garibaldo, de l'impénitent curé don Mazerotti, et surtout du professeur Provolone, personnage haut en couleur, aussi érudit que sulfureux, qui tient d'étranges discours sur la réalité des Enfers. Et qui prétend qu'on peut y descendre...
Ceux qui meurent emmènent dans l'Au-Delà un peu de notre vie, et nous désespérons de la recouvrer, tant pour eux-mêmes que pour apaiser notre douleur. C'est dans la conscience de tous les deuils -les siens, les nôtres- que Laurent Gaudé oppose à la mort un des mythes les plus forts de l'histoire de l'Humanité.
Solaire et ténébreux, captivant et haletant, La porte des Enfers nous emporte dans un voyage où le temps et le destin sont détournés par la volonté d'arracher un être au néant. (Babel)
(Photo couverture : David Allan Harvey/Magnum Photos)
28/05/2020
La "Saga" des Mousquetaires rassemble trois œuvres de Dumas : Les trois Mousquetaires, Vingt ans après et le Vicomte de Bragelonne. Chef d'œuvre du roman de cape et d'épée, il reste également un remarquable roman historique puisqu'il embrasse les règnes de Louis XIII et de Louis XIV.
Les Trois Mousquetaires raconte les aventures d'un Gascon impécunieux de 18 ans, D'Artagnan, venu à Paris pour faire carrière dans le corps des mousquetaires. Il se lie d'amitié avec Athos, Porthos et Aramis, mousquetaires du roi Louis XIII. Ces quatre hommes vont s'opposer au Premier ministre, le cardinal de Richelieu, et à ses agents, dont le comte de Rochefort et la belle et mystérieuse Milady de Winter, pour sauver l'honneur de la reine de France Anne d'Autriche, compromise avec le Duc de Buckingham.
S'ensuit le siège de la Rochelle, avec les actions héroïques de nos mousquetaires, la fuite de Milady en Angleterre, les lourds secrets qu'elle partage avec Athos, jusqu'à sa mise à mort.
Mais le destin de nos héros ne s'arrête pas là. Après ces 700 pages épiques, arrivent les 800 pages de Vingt ans après.
On est donc en 1648. Le Cardinal Mazarin succède à Richelieu, Paris est ravagée par la Fronde, Louis XIII est mort, Louis XIV est un enfant... et d'Artagnan a 40 ans.
Nos quatre amis sont désormais séparés par leurs idées politiques. Athos et Aramis sont du côté des Princes, principalement M. de Beaufort, mis en prison par Anne d'Autriche. D'Artagnan réussit à persuader Porthos de se mettre du côté de la reine et de son premier ministre Mazarin. Mais ils finissent par tous se rassembler pour venir en aide à Charles 1er d'Angleterre, fait prisonnier par Oliver Cromwell lors de la première révolution anglaise. Cependant, leur mission est entravée par le fils de Milady qui, voulant venger sa mère, les poursuit implacablement pour les tuer.
Il y a beaucoup de sang, c'est la loi du genre, des intrigues de cour et d'alcôve, mais aussi un humour auquel on ne résiste pas.
Déferlent alors les 3000 pages ! du Vicomte de Bragelonne. Sans doute le meilleur, le plus vibrant, le plus émouvant des grands romans de Dumas. Celui qui a souffert d'être "la suite" des Trois Mousquetaires et de Vingt ans après alors qu'il est l'une des oeuvres les plus achevées du romancier.
Tout commence en 1661, l'année de la prise du pouvoir par le jeune Louis XIV. La première partie raconte comment les Mousquetaires restaurent Charles II sur le trône d'Angleterre. La seconde voit l'amour grandissant de Louis XIV pour Louise de La Vallière, puis sa lutte contre le super-intendant Fouquet. Dans la troisième partie, nos héros tentent de percer le mystère de l'homme au masque de fer pour déjouer le complot qui se trame contre Louis XIV.
Et pourtant...
Nos héros ont beaucoup vieilli. D'Artagnan, devenu capitaine des mousquetaires, a désormais cinquante ans. Porthos, lui, est baron. Aramis est de plus en plus puissant : il est évêque de Vannes, puis général des jésuites. Les intérêts personnels de chacun maltraitent plus que jamais leur indéfectible amitié.
Raoul, le vicomte de Bragelonne, le fils d'Athos, meurt à la guerre. Il s'agit presque d'un suicide dû à la peine qu'aurait causée la trahison de sa fiancée, Louise de La Vallière, devenue la maîtresse du roi.
Le ton de ce troisième roman est mélancolique : on sent venir la fin. Trahisons, désillusions. On vit le déclin de la noblesse d'épée et l'avènement d'une noblesse de cour que le jeune Louis XIV entend contrôler. On ne gagnera plus désormais l'attention du souverain par des exploits armés, mais par l'intrigue et la flatterie.
Peu à peu disparaissent nos héros.
Les dernières paroles de D'Artagnan sont : « Athos, Porthos, au revoir. Aramis, à jamais adieu ! »
Aramis reste seul : le plus ambigu des mousquetaires est le seul à savoir s'adapter au monde d'intrigues dans lequel il est passé maître. Et Dumas de conclure, parlant de lui : « Des quatre vaillants hommes dont nous avons raconté l'histoire, il ne restait plus qu'un seul corps : Dieu avait repris les âmes. »
Un écho nostalgique à la fameuse devise : "Tous pour un, un pour tous !"
La Trilogie des Mousquetaires est un indestructible pourvoyeur de rêves. Si vous aimez l'aventure, l'Histoire, si vous aimez vibrer et rire, plongez-vous dans ces pages.
Dumas a été le premier show-runner de l'histoire. Et sans doute l'un des plus doués. Car si cette trilogie était aujourd'hui fidèlement adaptée, elle compterait au moins 6 saisons et pulvériserait les records d'audience.
28/05/2020
La Bibliothèque du Congrès, à Washington, est l'institution culturelle fédérale la plus ancienne du pays. Organe de recherche du Congrès, elle est également la bibliothèque la plus grande du monde, comptant des millions de livres, d'enregistrements, de photographies, de cartes et de manuscrits.
La Bibliothèque a pour mission d'aider le Congrès à remplir ses fonctions constitutionnelles et à promouvoir le progrès de la connaissance et de la créativité au profit du peuple américain.
La Bibliothèque du Congrès est aujourd'hui une ressource mondiale inégalée. La collection, dépassant les 158 millions d'éléments, inclut plus de 36,8 millions de livres catalogués et d'autres documents imprimés en 470 langues, plus de 68,9 millions de manuscrits, la collection de livres rares la plus vaste d'Amérique du Nord et la collection de documents, de films, de cartes, de partitions de musique et d'enregistrements audio légaux la plus grande du monde.
Elle est composée de trois bâtiments : le Thomas Jefferson Building, le John Adams Building et le James Madison Memorial Building. Le plus célèbre est le Thomas Jefferson Building, à côté de la Cour Suprême. Il est connu pour son hall en marbre blanc et sa rotonde spectaculaire.
Le Thomas Jefferson Building abrite notamment :
- Le « Old King Cole », plus petit livre du monde avec ses 0,9 mm.
- Un livre de 1,54 m sur 2,1 mètres, qui contient plus de 40,000 images de la vie au Bhoutan.
- Le plus ancien livre imprimé, un Sûtra Bouddhiste imprimé en 770.
- La plus vieille tablette en écriture cunéiforme, datant de 2040 avant Jésus-Christ.
Mais le document le plus précieux est sans nul doute l’un des 3 exemplaires de la Bible de Gutenberg, le premier livre imprimé en Europe, les deux autres étant jalousement gardés à la Pierpont Morgan Library de New York et à la Bibliothèque Nationale de France à Paris.
Ci-dessous, le célèbre De Orbe Novo, premier livre à parler de l'Amérique, écrit par Pietro Martire d'Anghiera, historien, diplomate et universitaire à la cour espagnole des Rois Catholiques.
(Photo : Fredailleurs-blogspot.com)
26/05/2020
LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DU BRÉSIL
Située sur la place Cinelândia, la bibliothèque nationale du Brésil ressemble aux autres bâtiments coloniaux du centre de Rio de Janeiro. Mais en entrant dans le Cabinet royal de lecture, avec ses ornements spectaculaires, on a l'impression de se retrouver dans Harry Potter tant on reste stupéfait devant les multiples étagères remplies d'ouvrages anciens aux reliures de cuir. Le tout éclairé par un lustre monumental et des vitraux octogonaux qui laissent filtrer la lumière du jour par le plafond.
Ce bijou néogothique a été construit au 19e siècle par une association d'immigrés portugais qui s'occupe encore aujourd'hui de sa conservation. Les mosaïques, sculptures et somptueux bas-reliefs en bois célèbrent l'âge d'or des grandes découvertes des navigateurs portugais, aux 15e et 16e siècles.
Avec 350.000 livres, certains très rares, la bibliothèque réunit la plus grande collection de livres en langue portugaise en dehors du Portugal. C'est la plus grande bibliothèque d'Amérique latine, et la deuxième de tout le continent américain.
Orlando Inacio, le gérant actuel, est conscient que les "rats de bibliothèque" sont moins nombreux à l'ère d'internet, même si certains continuent de fréquenter le Cabinet de lecture pour consulter des ouvrages rares non disponibles en ligne. Il est l'heureux gardien d'un espace unique non seulement par sa beauté, mais pour ce qu'il représente pour la relation entre le Brésil et le Portugal.
23/05/2020
La librairie LES NOUVEAUTÉS s'est implantée il y a 2 ans au 45bis rue du Faubourg du Temple, tout près de République. Petite sœur des GUETTEURS DU VENT (rue Parmentier), elle la dépasse en taille. On y trouve tous les styles, tous les genres, de la littérature étrangère également, des livres d'art, des BD, un bon rayon jeunesse. Son équipe est toujours là, en bonne santé. Elle n'a rien perdu de son dynamisme, de sa réactivité et de sa curiosité. Un livre manque ? Vous l'avez trois jours après. Bref, quand je rentre là-dedans, c'est l'enfer ; ma pile de bouquins grandit. Une vraie tour de Pise. J'adore !
https://www.facebook.com/librairielesnouveautes/
20/05/2020
Vous connaissez cette émotion d'être accaparé par un livre au point de ne plus pouvoir le lâcher. De tourner les pages au cœur de la nuit sans que le sommeil ne vous prenne.
Ça n'arrive pas tout les jours.
Alors si vous languissez, voici le remède : WATERSHIP DOWN.
Vivez les aventures héroïques d'un groupe de lapins de garenne à la recherche d'un nouveau foyer.
500 pages féroces et poétiques.
"La Terre tout entière sera ton ennemie.
Chaque fois qu'ils t'attraperont, ils te tueront.
Mais d'abord, ils devront t'attraper."
Je n'en dirai pas plus. Osez !
Nuits blanches garanties !
Illustration issue de la série britannique WATERSHIP DOWN (BBC)
16/05/2020
La librairie LGBT+ Les Mots à la bouche, installée depuis 1983 dans la rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie dans le quartier du Marais, est menacée. Cette vénérable institution fondée par Jean-Pierre Meyer-Guiton, militant du Groupe de libération homosexuelle et reprise depuis par son compagnon, Walter Paluch, se voit contraint de déménager. Le propriétaire des murs, «un marchand de biens» selon le directeur, refuse de renouveler leur bail «souhaitant profiter de la gentrification du quartier». Assis à son bureau au sous-sol, encombré de livres et de cartons, le vieil homme ne cache pas son amertume : «Il y a trente-six ans, le quartier était insalubre. Notre institution fait partie de celles qui ont forgé l’identité du Marais ! Mais c’est clair que c’est un miracle que l’on soit encore là, quand on voit les autres commerces être remplacés par des boutiques de luxe.»
Les lieux communautaires aux alentours de la librairie demeurent, mais ce sont les bars, les restaurants ou les sex-shops. La librairie sur deux étages avec au rez-de-chaussée les romans, les essais et les revues et au sous-sol les livres photo et les DVD, est ouvertes tous les jours jusqu’à 23 heures et après la fermeture non loin d’une maison de la presse, semble le dernier bastion d’une transformation en profondeur dans un quartier où les enseignes de vêtements de marques, les marchands de glace, un mégastore de produits italiens, des boutiques de design ou de lunettes hipsters grignotent un terrain de chalandise dense et hautement convoité. La fréquentation touristique y a par ailleurs explosé ces dix dernières années.
A ses côtés, Sébastien Grisez, le gérant de la librairie, fait partie des meubles. Ça fait plus de vingt ans qu’il écume ces rayons où se mêlent DVD de porno lesbiens, pièces de Jean Genet et biographies de David Bowie : «La librairie fonctionne bien en plus. Mais, ce qu’on ne dit pas assez, c’est que depuis plusieurs années le marché du livre n’a pas bougé et que c’est de plus en plus dur de faire de la marge.» Impossible pour eux d’assumer une augmentation de loyer. La mairie du IVe arrondissement (PS) manifeste pourtant son soutien à la librairie, «véritable symbole du Marais» mais ne peut pas contraindre le propriétaire à leur louer ses locaux. «C’est vrai que l’arsenal juridique à notre disposition est relativement mince, reconnaît Ariel Weil, maire de l’arrondissement. Récemment, nous avons fait voter un vœu au Conseil de Paris pour avoir la possibilité de nous opposer par exemple à la transformation de bureaux en hôtels touristiques et autres locations saisonnières.» Mais face à l’embourgeoisement déjà bien parachevé du Marais, il préfère temporiser, rappelant que «le cas des Mots à la bouche est exceptionnel et que de nouvelles librairies indépendantes ouvrent dans l’arrondissement».
Quoi qu’il en soit, la piste favorisée par la municipalité reste de trouver un nouveau local pas trop loin de son emplacement initial. «Pour l’instant, les lieux proposés ne correspondent pas à nos attentes car trop éloignés du quartier ou d’une superficie trop grande pour la boutique», explique Walter Paluch, qui tient tout de même à bien préciser que la librairie ne ferme pas mais qu’elle attend de savoir où elle se pose pour un nouveau départ, si possible encore au cœur du périmètre LGBT+ de la capitale, ce qui tombe sous le sens. Dans le même temps, autre mauvais signe, la librairie féministe et LGBT+ Violette and Co, située dans le XIe arrondissement, annonce sa décision de vendre le fonds : «Le temps a passé vite depuis la création de la librairie Violette and Co en février 2004, nous préparons maintenant celui de la retraite et de la réalisation d’autres projets. Aussi, nous cherchons une relève pour continuer l’activité de la librairie», ont annoncé les deux fondatrices, Catherine Florian et Christine Lemoine.
Photo : Tripelon Jarry. Only France